Libre Evolution :
Développer l’économie
En 2010, le parc national d’Oulanka en Finlande générait plus de 14 millions d’euros de revenus par an et employait 183 personnes. Voir le rapport économique.
Des études dans le parc national de Bayerischer Wald (Allemagne) indiquent un impact similaire.
Comment les espaces de biodiversité hautement protégés peuvent-ils s’intégrer à l’économie d’un territoire ?
Le retour d’une faune exceptionnelle possède un fort potentiel pour l’écotourisme. Nous savons aujourd’hui très bien gérer l’afflux de visiteurs afin que les retombées de l’écotourisme soient durables. Par exemple, dans le Parc national suisse, il est interdit de sortir des sentiers et des aires délimitées, et le dérangement est minime pour la faune. D’après le directeur du lieu, les retombées pour les quatre municipalités propriétaires du parc sont de l’ordre de 20 millions d’euros par an. À l’hectare, le parc rapporte ainsi aux habitants du secteur 1 000 euros par an. En exploitation forestière, une coupe à blanc rapporterait 800 euros par hectare… une fois tous les 50 ans !
La reconstitution des écosystèmes marins est aussi un vecteur de richesse pour les habitants. Prenons l’exemple du sar qui avait pratiquement disparu de la mer Adriatique le long des côtes italiennes. Des mesures draconiennes ont été appliquées dans une zone : 2 500 hectares ont été sanctuarisés. Malgré la levée de boucliers, la pêche y a été interdite. Cinq ans plus tard, les pêcheurs ont pu pêcher autour du sanctuaire. Et ils se sont rendu compte qu’ils pêchaient en une journée autant qu’avant en une semaine ! Ils sont alors devenus les plus fervents défenseurs de cette zone de non-pêche.
Les avantages économiques de la Libre Evolution
Le programme de nature en Libre évolution[1] ou le fait de laisser des espaces sans intervention humaine suscite bien souvent des interrogations :
Le terrain est-il abandonné ? La nature reprend-elle ses droits ? un espace où la nature est libre est-il un espace perdu pour l’Homme (du moins) économiquement ? Il n’existe en effet peu ou plus d’espaces vierges de toute intervention humaine.
Une liste d’avantages économiques se dessine avec l’adoption d’un programme de libre évolution sur une parcelle type :
- Une contribution à l’économie locale avec le développement d’un tourisme « naturel » avec l’injection de revenus annexes dans l’économie locale (hébergements, restauration, transports, artisanat, etc),
- L’aide au financement de la protection de la biodiversité (dons, commerces),
- Un développement d’emplois autour de la préservation de la biodiversité et de l’écotourisme,
- La promotion des modes de vies traditionnels et/ou activités artisanales
- Le développement de l’éducation et de la formation aux enjeux et à la protection environnementales,
- Le développement d’un réseau de sites labellisables, certifiables à suivre sur la durée, vecteur d’emplois pérennes.
Donner ou estimer une valeur à l’environnement et aux services écosystémiques qu’il rend permet normalement une meilleure prise en compte dans les équations de choix stratégiques.
Cependant, quelle valeur peut-on donner au développement de différentes espèces de mousses, de lichens, de champignons, d’insectes, au gain de biodiversité, à la production d’air qui n’est (pour l’instant on l’espère) pas monétisable ? Quelle valeur donner à la transmission intergénérationnelle d’une nature qui retrouve sa biodiversité et toutes ses externalités ?
La libre évolution nous aidera à répondre à ces questions et « aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».[2]
[1] Cf concept de « nature férale », c’est-à-dire des espaces façonnés par l’homme mais que l’on rend à un état « sauvage ».
[2] (rapport Brundtland, 1987).