Naturalité, la lettre de Forêts sauvages d’avril 2022 est sortie !

Naturalité, la lettre de Forêts sauvages d’avril 2022 est sortie !

Dans l’éditorial de la lettre 22, on se posait la question : que signifie « zone de protection forte » ? On sait aujourd’hui que les forêts de protection et zones Natura 2000 pourront en faire partie. Eh bien, ça tombe bien, une coupe à blanc a été réalisée sur 5 ha en forêt rhénane dans une zone classée en forêt de protection et en Natura 2000. Alors, pour la protection forte, va falloir changer de nom !
Ailleurs, les nouvelles en provenance de Białowieża nous rappellent que la folie des hommes semble toujours prête à se manifester.
Aussi, écoutons Edward Abbey pour ne pas cautionner la pensée courante : « Toute chose humaine est par définition, supérieure à ce qui n’est pas humain ».
Gilbert Cochet

 

Publication du le décret définissant la notion de protection forte et les modalités de sa mise en œuvre

Publication du le décret définissant la notion de protection forte et les modalités de sa mise en œuvre

Le décret définissant la notion de protection forte et les modalités de la mise en œuvre de cette protection forte est sorti !

Vous pouvez le lire ici :

Une définition qui enfonce des portes ouvertes, qui ne change pas les constats que la Coordination Libre Evolution a fait l’an dernier déjà : à l’intérieur des espaces de protection « forte », l’exploitation forestière, le pastoralisme et la chasse sont encore bien présents et pourront le rester.
Aujourd’hui, la chasse est autorisée dans 3 zones-cœurs de parc national sur 11 (Parc National des Calanques, des Cévennes et de forêts), dans une grande majorité des Réserves Naturelles nationales et dans la plupart des Réserves Naturelles régionales. En outre, la chasse et la pêche ne sont pas partout interdites dans les réserves biologiques. Les forêts et les pâturages sont exploités dans les zones cœurs des parcs nationaux de montagne et dans de nombreuses réserves naturelles.
À ce jour, on peut estimer que seuls 0,6% du territoire terrestre métropolitain français assurent la libre expression des processus naturels.

Ce n’est pas ce que les associations de la Coordination Libre Evolution entendent par de la protection forte.

Lire notre manifeste :

Parution d’un numéro spécial de la RFF sur les forêts en libre évolution

Parution d’un numéro spécial de la RFF sur les forêts en libre évolution

Le numéro « Des forêts en libre évolution », publié par la Revue Forestière française, est désormais consultable sur https://revueforestierefrancaise.agroparistech.fr/

Vol. 73 No 2-3 (2021): Des forêts en libre évolution

Christian Barthod, Jean-Luc Dupouey, Raphaël Larrère, François Sarrazin
Frédéric Gosselin, Jean-Claude Génot, Thibault Lachat
Jean-Marie Savoie, Marie Thomas, Eugénie Cateau, Nicolas Gouix, Pierre Paccard
Annik Schnitzler, Jean-Claude Génot
Ladislav Miko, Toby Aykroyd, Daniel Vallauri, Christian Barthod
Nicolas Debaive, Nicolas Drapier, Grégoire Gautier, Laurent Larrieu, Rita Bütler
François Sarrazin, Jane Lecomte, Nathalie Frascaria-Lacoste
Lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle : Dédions 10 % de notre territoire à la libre évolution de la nature !

Lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle : Dédions 10 % de notre territoire à la libre évolution de la nature !

Le 21ème siècle doit faire face à une crise écologique et climatique sans précédent. Ainsi que l’a récemment rappelé l’IBPES, “La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine – et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier”. Ce déclin, qui concerne aussi la France, résulte d’une intensification des usages humains, à savoir :

  • l’artificialisation des sols
  • la fragmentation des milieux naturels
  • la surexploitation des milieux et des populations (exploitations des forêts, chasse et pêche)
  • les pollutions diverses (de l’air, de l’eau et des sols) 
  • l’usage récurrent des pesticides.

Aujourd’hui en France :

  • moins de 1,5 %* du territoire métropolitain terrestre bénéficie d’une protection considérée comme « forte » (coeurs de Parcs Nationaux, Arrêté Préfectoral de protection de Biotope, Réserves Naturelles Nationales, Réserves Naturelles Régionales et de Corse, Réserves Biologiques Dirigées et Réserves Biologiques Intégrales).
  • et à l’intérieur de certains de ces espaces de protection « forte », l’exploitation forestière, le pastoralisme, la chasse, la pêche, la cueillette sont autorisés.

Seul 0,6% du territoire national protège intégralement les animaux et l’ensemble du vivant*.

La libre évolution, concept innovant émergeant, est l’une des solutions simples et faciles à mettre en place pour apporter une réponse efficace à cette crise. Une nature libre et spontanée, soumise aux seuls processus évolutifs naturels et à l’abri des pressions de sélection induites par les activités humaines, doit pouvoir retrouver sa place dans notre société. Elle doit pouvoir s’exprimer pleinement, selon ses propres règles, qui ont fait leurs preuves depuis des millions d’années d’évolution et ainsi s’adapter le mieux possible au changement climatique.

De multiples travaux scientifiques montrent que les espèces restent plus abondantes dans les aires protégées qu’à l’extérieur. En Europe, de nombreux parcs nationaux (Abruzzes en Italie, Suisse, Bielowieza en Pologne, Forêt de Bavière en Allemagne, Poloniny en Slovaquie, Retezat en Roumanie, etc.) et réserves intégrales garantissent une biodiversité riche et un fonctionnement naturel des écosystèmes. 

Ces espaces de restauration écologique ne sont pas des sanctuaires où l’Homme n’a aucun droit d’accès. La recherche scientifique et l’admiration du sauvage par l’aménagement d’accès au grand public peut trouver un équilibre avec le besoin de quiétude et de l’arrêt de tous prélèvements sur une partie de notre territoire national. Le développement des territoires ruraux et péri-urbains par la promotion de la libre évolution est donc possible au travers de la protection du vivant et de la lutte contre le changement climatique.

La stratégie nationale des aires protégées fixe un objectif de 10 % de protection forte à l’horizon 2030. Ce n’est pas suffisant. 

Renforçons cette protection forte et passons à une nature en libre évolution, sur les espaces de protection forte ou non (car d’autres outils peuvent être mobilisés).

Pour cela, nous attendons des mesures importantes : 

  • orienter les instances de décision et de gestion administrative nationales et décentralisées vers plus d’intégration de la libre-évolution dans les choix de gestion ;
  • pour les propriétaires privés, supprimer la taxe foncière sur ces espaces et ajouter, comme initialement promis, une incitation fiscale aux obligations réelles environnementales ;
  • dans les forêts publiques, augmenter le nombre et la surface des Réserves Biologiques Intégrales et des îlots de sénescence sans limitation de durée ;
  • créer de nouveaux Parcs Nationaux, agrandir les zones coeurs des parcs existants, sans chasse, à l’image des premiers Parcs Nationaux français ;
  • développer la recherche et la coopération internationale sur la création et la gouvernance de nouveaux espaces en libre évolution, de nouveaux communs;
  • interdire la chasse, la pêche, la coupe de bois et le pâturage dans une plus grande partie des zones protégées, et notamment dans certaines Réserves Naturelles ;
  • dans le code forestier et les documents de cadrage de la politique forestière, reconnaître la libre évolution comme un choix de gestion ;
  • renforcer la gouvernance de gestion d’aire protégée vers une obligation de résultat, par exemple par l’établissement de contrats d’objectifs basés sur un suivi et une évaluation rigoureux.
  • accorder plus de moyens financiers aux gestionnaires des aires protégées ;
  • à l’échelle nationale, revaloriser l’image de la protection forte par une meilleure vulgarisation des principes scientifiques sur les fonctions et services écologiques des écosystèmes en libre évolution.
  • associer la société civile à la désignation de ces nouveaux espaces protégés.

Redonnons de la place au vivant !

Dédions 10 % de notre territoire à la libre évolution de la nature !

 

* Source INPN 30 octobre 2021 : Les cœurs de parc national (0,77% du territoire) – Les arrêtés de protection de biotope ou de géotope (0,32% du territoire) – Les réserves naturelles nationales, régionales et de Corse (0,36% du territoire) – Les réserves biologiques forestières dirigées et intégrales (0,09% du territoire)..

 

Les associations de la Coordination Libre Evolution :

Animal Cross

Association Francis Hallé pour la forêt primaire

Alsace Nature

Bretagne Vivante

Wild Europe Foundation

ECODOMAINE LA FORESTRIE

Crowlife

Association Etats sauvages

Association pour la Protection des Animaux Sauvage – ASPAS

Forêts sauvages

FNE Aura

       
   
 
     

 

 

 

                           
     
 
     
     
 
 
     
       
         
 
 
 
 

Contact : Valérie Thomé – Animal Cross

Tél : 06 75 73 72 42 – Mail : valerie@animal-cross.org

www.coordination-libre-evolution.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CartNat : Une Cartographie du gradient de naturalité potentielle de France métropolitaine

CartNat : Une Cartographie du gradient de naturalité potentielle de France métropolitaine

Le projet

Le projet CartNat vise à développer une méthode de cartographie de la naturalité potentielle. Ces travaux ont abouti en 2021 pour la France métropolitaine terrestre et les cartographies produites consistent en 4 couches spatiales :

  1. L’intégrité biophysique de l’occupation du sol
  2. La spontanéité des processus
  3. Les continuités spatiales
  4. La carte synthétique du gradient de naturalité potentielle à partir des critères 1 à 3
 
Les cartographies sont aujourd’hui mises à disposition (format ESRI Geodatabase – 2.3 GB) et la notice technique qui les accompagne décrit la méthodologie appliquée.

Ses auteurs

Le projet a été financé par le Comité français de l’UICN, le WWF et WildEurope Initiative. Coordonné par le Groupe de travail Wilderness et Nature férale depuis 2018, il s’agit du fruit du travail des chercheurs Adrien Guetté, Jonathan Carruthers-Jones et Steve Carver qui ont bénéficié de l’aide de différents experts.

Pour quels usages

Il s’agit d’un outil d’aide à la décision, mis à disposition dans la “Boîte à outils” de la Stratégie Nationale pour les Aires Protégées 2020-2030 par l’Office Français de la Biodiversité, à destination des Collectifs territoriaux, et déclinable aux échelles nationale, régionale et départementale.

3% des forêts françaises ne sont plus exploitées depuis au moins 50 ans (Sources : Thompson et al 2021 et INRAE)

3% des forêts françaises ne sont plus exploitées depuis au moins 50 ans (Sources : Thompson et al 2021 et INRAE)

Article de l’INRAE « 3% des forêts françaises ne sont plus exploitées depuis au moins 50 ans » (16/12/2021) :

On considère que les forêts primaires, qui n’auraient jamais été exploitées par l’homme, n’existent plus en France métropolitaine. Il reste cependant des forêts qui ont été exploitées par le passé mais qui ne le sont plus depuis un certain laps de temps et que l’on dit en libre évolution. Lorsque ce temps est long à l’échelle d’une vie humaine, par exemple 50 ans, les marques de l’exploitation s’estompent pour laisser place à une dynamique naturelle. On peut alors qualifier ces forêts de « surmatures » vis-à-vis du cycle sylvicole classique, bien que la maturité biologique de la forêt ne soit pas encore atteinte.

Publié le 16 décembre 2021

Ces forêts ont un intérêt pour la biodiversité et le stockage de carbone, mais leur surface et leur répartition est très mal connue pour la France métropolitaine. En utilisant des données issues d’un réseau national de mesures forestière dans les réserves naturelles et biologiques,  l’étude de Lucie Thompson et des collègues du LESSEM ainsi que des réserves naturelles de France, publiée en décembre dans le journal Diversity and Distributions, nous a permis d’exprimer la date de dernière exploitation forestière en fonction des caractéristiques des forêts. Une fois ce modèle construit, nous l’avons projeté sur les données de l’inventaire forestier national qui décrit, de manière statistique, l’ensemble des forêts françaises. Cette approche est originale car, habituellement, ce sont les caractéristiques des forêts qui sont étudiées en fonction de la date de dernière exploitation, et non l’inverse. Cela permet une approche continue qui s’affranchit des débats sur le temps nécessaire à la forêt pour regagner son caractère naturel.

Les éléments qui caractérisent les forêts surmatures sont les très gros arbres, de forts volumes de bois mort et la diversité en microhabitats (comme les cavités, écorces décollées…). De plus, l’absence de souches, mais aussi une forte densité d’arbres en taillis indiquent des forêts sans exploitation depuis plusieurs dizaines d’années tout en caractérisant l’héritage du passé d’exploitation de la forêt et une empreinte humaine toujours forte.

Ainsi, nous avons montré qu’actuellement 3% des forêts françaises ne sont plus exploitées depuis au moins 50 ans (ce chiffre varie de 1 à 9%). C’est la première estimation robuste – statistique – de cette proportion : la précédente remontait aux années 90 et était basée sur du dire d’expert. Ces forêts sont majoritairement situées en zones montagneuses, peu accessibles, mais l’on en trouve encore en plaine. Plus surprenant, notre approche a aussi permis de montrer que 43% des forêts françaises n’avaient plus été exploitées depuis au moins 26 ans (et jusqu’à 50 ans), ce qui représente un potentiel de forêts surmatures dans un futur plus ou moins proche.

Cependant, ces forêts n’ont pour la plupart pas de statut de protection pérenne, bien que leur conservation soit cruciale pour la biodiversité et le climat. D’autre part, des approches plus ciblées sont nécessaires pour confirmer l’approche nationale, qui reste statistique et ne couvre sans doute pas toutes les forêts intéressantes pour la conservation. Ainsi, notre étude ne constitue qu’un des premiers jalons pour la cartographie et la conservation des forêts surmatures et en libre évolution en France métropolitaine. Elle vient alimenter le Plan National d’Action en cours d’écriture par le ministère en charge de l’écologie, et serat complétée par des travaux en cours sur la cartographie des forêts surmatures en utilisant notamment la technilogie Lidar aéroporté.

Référence : Thompson, L., Cateau, E., Debaive, N., Bray, F., Torre, A., Vallet, P., & Paillet, Y. (2021).
How much does it take to be old? Modelling the time since the last harvesting to infer the distribution of overmature forests in France. Diversity and Distributions, 00, 1–14. https://doi. org/10.1111/ddi.13436

Lien vers la publication :
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/ddi.13436

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