La peur, le stress, la mémoire de la perte de leurs congénères
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Peter Wohlleben, dans son ouvrage La vie secrète des animaux explique bien les conséquences de la chasse sur les animaux : peur, stress, mémoire de la perte de leurs congénères. « Quand la chasse a été interdite à Genève, les chevreuils, les cerfs et les sangliers ont changé de comportement. Comme ils n’ont plus peur, ils se montrent désormais toute la journée. Mais les sangliers genevois ne sont pas les seuls à se comporter différemment. Tout autour, y compris dans la France voisine, on tire encore à qui mieux mieux. Alors quand la chasse est ouverte, notamment lors des battues automnales avec leurs meutes de chiens, les sangliers révèlent leurs talents de nageurs. Dès que l’écho du cor retentit et que les premières détonations se font entendre, les cochons sauvages quittent en nombre la rive française pour rejoindre le canton de Genève en traversant le Rhône à la nage. Là, ils sont en sécurité et peuvent faire un pied de nez aux tireurs français.
Ces sangliers nageurs montrent 3 choses. D’une part qu’ils identifient le danger et se rappellent la chasse de l’année précédente, durant laquelle des membres de la famille furent blessés ou abattus sous une pluie de plombs. D’autre part, que la peur est indispensable, car c’est elle qui les pousse à quitter le territoire sur lequel ils se sont sentis si bien tout l’été. Enfin, qu’ils se souviennent qu’ils seront en sécurité dans le canton de Genève. Sur une période longue de plus de quatre décennies, c’est devenu une tradition, qui se perpétue de génération en génération chez les sangliers : en cas de danger, on va mettre à l’abri de l’autre côté du fleuve. »
« Il est parfaitement évident pour mes collègues comme pour les chasseurs que le gibier engrange des expériences. Voici comment une harde de cervidés vit la mise à mort d’un congénère : une détonation retentit et, tout à coup, ça sent le sang. Souvent, le tir, imparfait, n’a fait que toucher l’animal qui, pris de panique, peut encore courir quelques mètres avant de s’effondrer en gigotant. Ce spectacle, associé à l’odeurs d’hormones du stress, se grave profondément dans la conscience des membres de la harde. Aussi, quand ils entendent des craquements en provenance du mirador, dont le chasseur descend pour récupérer le gibier abattu, les animaux, qui sont intelligents font le lien. Les fois suivantes, ils se méfient et regardent en direction du mirador avant de pénétrer dans la percée, pour vérifier s’il y a quelqu’un là-haut. » [11]
« L’intrusion de l’homme dans l’habitat du gibier est source de stress » explique encore Dr Petrak, « la part du temps qu’il consacre à vérifier qu’il est en sécurité passe de cinq à plus de trente pour cent quad un bipède fait de fréquentes incursions dans le secteur. » [12]
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Contrairement à une idée largement répandue, la plupart des espèces animales sauvages sont naturellement peu farouches et il suffit pour s’en persuader d’observer le comportement de ces espèces dans les grandes réserves non chassées. La chasse effectue sur toutes les espèces une sélection artificielle en éliminant prioritairement les individus peu sensibles à la présence humaine (très vulnérables au tir…) et en favorisant les individus très farouches : ceux qui statistiquement ont une bien meilleure chance d’échapper aux chasseurs. Ce ne sont pas les animaux qui sciemment « apprennent » à se méfier des hommes (explication classique mais erronée), mais bien une sélection (ici artificielle), de type darwinien : seuls survivent les individus inapprochables au détriment du génotype calme et tolérant, progressivement éliminé par le tir. (…)
Dans la rade de Genève, non-chassée depuis plus de 25 ans, la distance de fuite des canards, tout à fait sauvages, comme les nettes rousses, nyrocas, milouins… est souvent de quelques mètres (ce qui fait la joie de tous les promeneurs). En France, par exemple sur les bords du Rhône, ces mêmes espèces s’enfuient dès qu’on essaie de les approcher à moins de 150 m. Les hérons cendrés, encore persécutés chez nous (malgré leur protection officielle) sont très farouches et s’envolent à plus de 200 m ; dans les canaux hollandais, où la protection est ancienne et respectée, ces oiseaux s’approchent à quelques mètres des hommes. Pour le chamois, le fait de le chasser multiplie par 10 ou 20 les distances de fuites.
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Bibliographie sur la forêt
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Cochet, G. & Durand, S. Ré-ensauvageons la France, Plaidoyer pour une nature sauvage et libre. (Actes Sud, 2018).
- Rempel, R. S. et al. An indicator system to assess ecological integrity of managed forests. Ecological Indicators 60, 860–869 (2016).
- Ugo, C., Lorenzo, S., Vittorio, G., Mauro, M. & Marco, M. Classification of the oldgrowthness of forest inventory plots with dissimilarity metrics in Italian National Parks. Eur J Forest Res 131, 1473–1483 (2012).
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- Lombardi, F., Lasserre, B., Chirici, G., Tognetti, R. & Marchetti, M. Deadwood occurrence and forest structure as indicators of old-growth forest conditions in Mediterranean mountainous ecosystems. Écoscience 19, 344–355 (2012).
- Environmental sustainability of energy generation from forest biomass | EU Science Hub. https://ec.europa.eu/jrc/en/news/environmental-sustainability-energy-generation-forest-biomass.
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- More Of Everything – A film about Swedish Forestry. More Of Everything – A film about Swedish forestry. (2021).
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