Libre évolution :
Apporter et santé et bonheur aux êtres humains
Fortifier notre santé par le contact avec la nature sauvage
La plupart d’entre nous a déjà ressenti des carences en vitamine G. La vitamine G, ou Green vitamine se rapporte au besoin de contact avec la nature que l’on éprouve quand elle nous manque. Les historiens estiment que le lien entre la nature sauvage et nous a été rompu lors de la transition de l’Homme cueilleur à l’Homme agriculteur. Les bienfaits que procure l’environnement naturel à notre organisme sont sérieusement étudiés depuis plus de trente ans. Le chercheur américain Ward Wilson pense même que le lien humain-nature est inscrit dans notre ADN. Les deux effets principaux et prouvés sont la cardioprotection et l’augmentation de l’immunité. Notre simple présence, une balade ou une activité physique en forêt provoquent un effet régulateur de la tension artérielle et des battements cardiaques. Concernant l’immunité, une étude réalisée par des japonais a démontré qu’après une immersion de seulement deux jours en forêt, les effets bénéfiques ont perduré un mois entier, l’activité des cellules tueuses naturelles (cellules NK) étant régulée par la nature. Les allergies chroniques et maladies inflammatoires semblent aussi amoindries chez les personnes exposées aux environnements riches en biodiversité. Vivre avec un certain contact avec la nature, surtout depuis la petite enfance, engendre une exposition aux microbes, ce qui développe l’immunité mais également le microbiote (flore intestinale). Nos vies très urbanisées et notre manque de présence dans la nature augmentent ainsi diverses pathologies.
Indépendamment des bienfaits provoqués par l’activité physique en elle-même et par l’exposition au « grand air », notre corps et notre cerveau se dopent très significativement à l’exposition à la nature, et pour notre plus grand bien ! Plus la nature est sauvage, plus ces effets sont décuplés. Aussi, malgré notre environnement très artificiel et notre sédentarisation, il devient d’urgent d’augmenter notre exposition à la nature afin de fortifier nos défenses naturelles en nous rendant dans des espaces où la nature évolue librement.
La sylvothérapie, ou bain de forêt comme on le dirait au Japon, est une pratique faisant entrer les humains en contact avec les arbres de façon plus ou moins directe et la forêt dans son ensemble. Se promener dans les bois, marcher pieds nus ou entrelacer un arbre auraient une multitude de vertus pour le corps et l’esprit : réduction de la pression artérielle, prévention de certaines maladies, diminution du stress, réduction de la fatigue, amélioration des fonctions cognitives. Ce remède accessible à tous et en tout temps semble optimal dans les forêts en libre évolution, lieu propice à l’immersion.
Nous n’allons pas dans la nature parce que la science nous dit que ça nous fait quelque chose, mais parce que la nature nous fait ressentir quelque chose.
Améliorer notre bien-être psychique grâce à la libre évolution
Nous recherchons plus que jamais le sentiment de sérénité dans nos vies mais cette quête s’avère de plus en plus compliquée. Et si les aires de nature en libre évolution à proximité de tous étaient une solution ? Le contact avec la nature entraîne une diminution du stress grâce à la baisse du rythme cardiaque, de la pression artérielle et du taux de cortisol dans la salive. La dépression est donc écartée, l’estime de soi améliorée, et le bien-être psychique ressenti !
L’effet ricochet de l’altération de la nature finit par impacter notre santé physique, mais aussi notre santé mentale. Le bien-être lié au contact avec la nature est perturbé si des activités extractives ou intrusives s’exercent dans le lieu visité : les dérangments créés par exemple par la chasse, la coupe d’arbres, etc. altèrent fortement la contemplation et la paisibilité d’une zone. Nous pourrions penser qu’une « nature urbaine » suffit à nous procurer le bien-être dont nous avons besoin. En réalité, une nature appauvrie ne nous procure pas l’effet bénéfique d’une nature riche. La puissance des bienfaits donnés par la nature dépend donc de la « dose » à laquelle nous sommes exposés. Plusieurs hypothèses établissant des concepts de pensée et des paramètres concrets sur notre besoin inné de contact avec la nature existent, nous parlons par exemple de l’hypothèse de biophilie créée par le biologiste Edward O. Wilson.
Nos sens perçoivent de façon directe la qualité de notre lien avec l’environnement naturel. Une immersion en espace de libre évolution ne peut qu’assurer un lien qualitatif et complet. Les pathologies psychiques comme le stress ou la dépression sont alors diminuées et le bien-être augmenté.
Le sentiment océanique
Cette notion de sentiment océanique est née d’une lettre de Romain Rolland à Sigmund Freud en 1927. Rolland voulait philosophiquement illustrer l’impression ou la volonté de se ressentir en unité avec l’univers, et donc la nature.
Nous faisons souvent l’amalgame d’associer notre déclin de santé à la vieillesse avec le reste du vivant. Mais pour les arbres, vieillir est plutôt synonyme de bonification.
Le WWF avait créé un teaser mettant en scène le fossé entre nos vies stressées et le bien-être que procure la nature. Cette initiative #NatureAlert de 2016 incitait déjà les citoyens européens à demander aux dirigeants de leur pays de faire entendre la voix de la nature.
Préserver la nature et nous-mêmes dans l’ère de la Covid-19
La Covid-19 met en lumière des problématiques dont nous avions conscience mais qui aujourd’hui se concrétisent. La libre évolution de la nature prend toute son importance dans cette ère si particulière. Cette crise sanitaire amène des préoccupations immédiates sur le plan économique. Certaines habitudes sur le plan écologique sont à revoir afin de ne pas pénaliser les générations futures et l’avenir des écosystèmes. Destruction et surexploitation de la nature sont au coeur du sujet.
Le rapport du WWF souligne le lien entre la destruction des écosystèmes, le commerce des espèces sauvages et l’apparition des zoonoses suivie de leur propagation. La destruction des habitats sauvages amène les humains à entrer en contact avec les microbes et espèces sauvages qui y habitent ; le trafic d’espèces sauvages crée des contacts directs entre les animaux sauvages et les humains, les exposant ainsi à des virus ou autres agents pathogènes qu’ils n’auraient pas rencontrés en temps normal (c’est ce que l’on appelle des zoonoses) ; l’intrusion de l’homme dans certains processus naturels peut favoriser la migration des virus entre espèces ou leur mutation, créant une adaptation du virus à de plus larges paramètres biologiques.
Ces problématiques de contacts irraisonnés entre les espèces sauvages et l’humain ne concernent pas que l’Asie ou l’Afrique, mais bien tous les continents et ainsi l’Europe dont la France fait partie. Par exemple, l’importation de viande de brousse amène de nombreux pathogènes, l’importation d’animaux sauvages vivants ou morts à des fins de domestication ou de trophée cynégétique également.
Selon le WWF, il va devenir de plus en plus urgent de renforcer la préservation des écosystèmes encore intacts, de protéger les zones vierges de la planète, de lutter efficacement contre le trafic illégal des espèces et de restaurer des écosystèmes endommagés. C’est alors que la libre évolution apparaît comme une des solutions apte à une application concrète, rapide et viable pour éviter les zoonoses.
En Amérique du Nord particulièrement, la fragmentation de l’habitat et la perte de biodiversité directement liée ont mené à une augmentation de la présence d’un groupe de bactéries causant la maladie de Lyme, transmise à l’humain par la morsure d’une tique infectée.
Selon des recherches récentes, le risque pour l’humain de contracter la maladie de Lyme est significativement plus important dans les endroits où il y a une faible diversité des animaux vertébrés, ce qui signifie là où les habitats sont très fragmentés, comme les forêts à faible superficie.
La domination de notre espèce sur notre environnement est si forte qu’aujourd’hui, la plupart d’entre nous se sentent complètement déconnectés du monde vivant dont nous faisons partie et qui rend notre existence possible. Or, nous dépendons entièrement de la nature pour l’air, l’eau, la nourriture et de nombreux produits directement issus de la nature et indispensables à notre survie. Ce rapport nous rappelle que pour limiter les risques d’émergence d’épidémies ou de pandémies nous devons maintenir un équilibre entre notre espèce et le reste du monde vivant sur terre. La protection de nos écosystèmes, de la nature, fait ainsi partie des choix les plus prospectifs que l’humanité puisse faire.
Préserver la santé de la biosphère dont certains de nos droits humains dépendent
Selon David Boyd (rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et l’environnement lors du débat « Les droits de l’homme dépendent d’une biosphère saine » à la 46ème session du Conseil des droits de l’homme), « la dégradation des écosystèmes et le déclin de la biodiversité ont des conséquences profondes sur la jouissance des droits de l’homme. Parmi les droits humains menacés et violés figurent les droits à la vie, à la santé, à l’alimentation, à un environnement sain, à l’eau, à un niveau de vie adéquat, à la culture, aux droits des peuples autochtones et aux droits de l’enfant. Les communautés protégées par des systèmes de mangroves sains sont moins susceptibles de subir des décès causés par les cyclones, ce qui protège le droit de vivre. Les écosystèmes sains fournissent un tampon contre les maladies infectieuses émergentes, garantissant le droit de vivre et le droit à la santé. Les insectes, les chauves-souris et les oiseaux pollinisent plus de 75% des cultures, ce qui est essentiel à la réalisation du droit à l’alimentation. La destruction des écosystèmes et de la biodiversité viole le droit à un environnement sain et durable. »
La préservation de la biosphère touche donc également à nos droits et dédier des zones à la libre évolution s’avère être une approche efficace grâce à tous les services qu’offre la nature, à condition de la préserver.
Concrétiser l’importance de la nature libre dans nos esprits
Le sauvage n’est plus péjoratif mais positif. La nature sauvage à proximité ne doit plus être un luxe mais une commodité. Se réconcilier avec la libre expression des processus naturels revient à accepter que le mieux est l’ennemi du bien : nous pouvons nous rassurer sur le fait que la nature est prometteuse. L’idée qu’un futur apocalyptique nous attend est source de défaitisme et donc de stress. Ressentir notre appartenance à la nature et le devoir moral qui nous incombe pour la préserver apportent un optimisme et ainsi un soulagement.
La libre évolution ne constitue non pas une utopie mais bien une des solutions les plus viables pour aider à la préservation des écosystèmes face à l’augmentation en puissance et en nombre des aléas naturels et anthropiques.
Dans cette bataille, nous ne sommes pas une espèce solitaire face au reste du monde empaqueté en « nature » : nous ne sommes pas face à face mais côte à côte avec le reste du vivant, face au dérobement de notre monde commun. Innombrables pour tramer et défendre l’habitabilité de ce monde.
Bibliographie
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